Une plus grande volonté politique est nécessaire pour mettre fin à la négligence des pays européens face à la dégradation des habitats marins

 

Les organisations environnementales demandent la mise en place de mesures de gestion concrètes dans les aires marines protégées européennes

 

ClientEarth, Coalition Clean Baltic, Oceana, Seas at Risk et le WWF avertissent que la vie marine en Europe est menacée à cause de la négligence des pays européens à gérer activement leurs aires marines protégées. Cette négligence met en danger une grande partie de la biodiversité du réseau marin de sites protégés Natura 2000, qui couvre sur papier environ 10% des eaux de l’Union européenne.

La vie marine dans la plupart de ces aires est de plus en plus menacée en raison notamment du manque de gestion et de surveillance des activités humaines et du manque de financement. Les pays européens risquent donc de ne pas s’acquitter de leur obligation à améliorer la conservation du milieu marin d’ici 2020, conformément à l’objectif Aichi 11 de la Convention Internationale sur la Diversité Biologique et à la Directive-Cadre sur la Stratégie pour le Milieu Marin de l’UE.

Les organisations environnementales ont appelé les dirigeants européens à prendre urgemment des mesures pour améliorer la situation. Cela inclut une meilleure gestion de ces aires pour assurer l’état de conservation des espèces et habitats protégés et pour mettre un terme aux activités humaines qui continuent de nuire à ces « refuges ».

Cette semaine, les pays de l’UE se réuniront à Majorque pour le deuxième séminaire sur l’environnement marin organisé à l’échelle de l’UE afin d’examiner les moyens de garantir la conservation et la gestion des sites marins Natura 2000.

Le séminaire fait partie d’un processus entamé par la Commission européenne en 2012 pour aider les pays européens à améliorer le statut des espèces et des habitats protégés par les directives européennes « Habitats » et « Oiseaux ». Il contribue à la réalisation de l’objectif de la Stratégie Européenne pour la Biodiversité de préserver les écosystèmes marins remarquables et vulnérables en Europe.

Les progrès sont freinés par le fait que le réseau d’aires marines protégées n’est pas réparti de manière égale entre les pays et que, dans la plupart des cas, la gestion et le suivi des sites sont insuffisants et compromis par un financement incertain. Cela met en danger tout l’objectif de créer un réseau d’aires marines protégées pour conserver et restaurer la vie marine de l’UE.

Les organisations environnementales commentent l’état actuel de la protection marine dans l’UE :

Tatiana Lujan, avocate spécialisée en conservation de la biodiversité de Client Earth, a déclaré :

« Sur papier, les pays européens ont réalisé d’importants progrès dans la désignation des aires marines protégées. Cependant, en réalité, ces sites ne protégeront la biodiversité marine européenne que si des mesures concrètes sont prises. Les États membres doivent maintenant fixer des objectifs cohérents avec l’état de conservation de ces sites – y compris la restauration des zones qui en ont besoin – et veiller à ce que les activités menées sur ces sites, telles que la pêche, ne portent pas atteinte à l’intégrité des sites ni aux chances de restauration. »

Le secrétaire exécutif de Coalition Clean Baltic, Mikhail Durkin, a déclaré :

« Les aires marines protégées de la mer Baltique et de toute l’Europe ont besoin de mesures de conservation pertinentes et efficaces pour atteindre les objectifs de conservation spécifiques de l’Aire Marine Protégée. Pour les zones désignées pour le marsouin de la mer Baltique, une espèce en danger critique d’extinction, cela est particulièrement urgent. »

Lasse Gustavsson, directeur exécutif d’Oceana Europe, a déclaré :

« Nous devons passer du monde virtuel au monde réel. Les aires théoriquement protégées ne préservent pas les mers européennes des problèmes actuels tels que la perte de biodiversité, la destruction des habitats marins et la surpêche. Les dommages causés à l’environnement augmentent plus rapidement que les efforts pour les arrêter, et les parcs marins simplement dessinés sur une carte ne sont bons que pour la une des journaux. »

Alice Belin, chargée d’affaires politiques marines de Seas at Risk, a déclaré :

« Les gouvernements de l’UE se sont engagés à créer des mers propres et saines d’ici 2020. La création d’un réseau d’aires marines protégées avec des mesures de conservation effectives est une étape clé pour rendre nos mers européennes plus saines et plus résistantes aux pressions des activités humaines. En un an, cela peut et devrait être fait. »

Anna Soirinsuo, responsable de la conservation marine du WWF Finlande, a déclaré :

« Atteindre la couverture de 10% d’ici 2020 ne représente que la moitié de l’objectif. Sans une gestion et une surveillance efficaces, les sites Natura 2000 ne sont que des contours de la carte et ne protègent en rien les espèces et les habitats visés. »